Francisco Boix, photographe espagnol

Francesc Boix i Campo est un photographe catalan emprisonné par les Nazis dans un camp de concentration pendant la seconde guerre mondiale. Il sauva des clichés pris par les SS de Mauthausen et fut le seul prisonnier espagnol à témoigner l’heure du procès de Nuremberg.

Un parcours de vie marqué par la guerre civile espagnole

Francesc Boix i Campo (en espagnol Francisco Boix Campo) naît en août 1920 à Barcelone, en Catalogne. Ses parents sont d’origine modeste. Son père lui transmet très jeune sa passion pour la photographie.

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En 1936, il adhère aux JSU, les Jeunesses Socialistes Unifiées. Il s’agit d’un mouvement politique résultant de la fusion de plusieurs partis communistes catalans et espagnols. L’année suivante, Francisco Boix réalise ses tous premiers clichés pour Juliol, la revue destinée aux jeunes éditée par les JSU.

Le 17 juillet 1936 éclate la Guerre d’Espagne. Elle oppose un groupe d’insurgés composé de militaires et de nationalistes dirigés par le général Franco au gouvernement républicain espagnol du Front Populaire. Francisco Boix se range du côté de ses derniers on s’engageant dans la 30e division de l’armée populaire de la République Espagnole.

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En 1939, avec la victoire de Franco, comme de très nombreux autres espagnols, il est obligé de se réfugier de l’autre côté de la frontière, en France. Il choisit alors de s’engager dans la 5e armée française en pleine Bataille de France. Malheureusement, l’armée allemande inflige de sévères défaites aux armées françaises. Durant l’une d’elles, dans la nuit du 20 au 21 juin 1941, il est fait prisonnier avec plusieurs milliers d’autres Espagnols.

Déportation dans le camp de concentration de Mauthausen

Avec la complicité passive de Vichy et des autorités espagnoles, le 3e Reich réserve un sort spécial à ceux que l’on surnomme les “Rouges Espagnols. Ils sont considérés comme des prisonniers politiques, et à ce titre, envoyés dans les camps de concentration.

Francesc Boix i Campo est envoyé au camp de Mauthausen avec de très nombreux camarades. Très peu ont survécu à cet enfer. Le jeune espagnol qui n’a alors que 21 ans quand il arrive à Mauthausen échappe toutefois au sort qui lui est promis par les Nazis. En effet, dans le camp, tout le monde sans exception est photographié, que ce soit les prisonniers ou leurs geôliers. En tant que photographe professionnel, on lui affecte donc cette tâche.

À partir de 1943, le fond photographique ainsi constitué est important. Mais l’ordre est donné d’effacer toutes traces de ces documents qui pourraient être compromettants. Francisco Boix Campo prend alors le risque de sauver des négatifs pour les dissimulant et en les faisant passer à une Autrichienne qui accède au camp. Ce sont ainsi plusieurs milliers de négatifs qui échappent à la destruction.

La libération

Juin 1944, l’armée du Reich ne parvient pas à repousser les troupes qui débarquent en Normandie. A l’Est aussi, les Russes repoussent les Allemands. Avec les mois, les choses s’accélèrent. En 1945, le camp de concentration de Mauthausen est littéralement abandonné par les Allemands.

Quand les alliés arrivent sur place, ils trouvent parmi les prisonniers le jeune Francisco Boix Campo. Celui-ci a repris son appareil photo et a pris de nombreux clichés, y compris de l’arrivée des alliés.

Plus tard, lors du procès de Nuremberg, Francisco Boix Campo est appelé comme témoin pour fournir un commentaire de ces clichés. Il en fit de même au procès de Mauthausen.

De retour à Paris

Le photographe retourne à Paris et s’y installe. Il travaille comme photographe pour plusieurs publications communistes. Les photographies prises dans le camp de concentration sont publiées pour certaines, mais sans que son nom ne soit jamais cité.

Francisco Boix Campo décède en 1951 à l’âge de 31 ans, des suites d’une maladie contractée quand il était prisonnier. Il est inhumé au cimetière de Thiais à Paris. Suite aux démarches entreprises pendant des années par des proches et d’anciens de Mauthausen, sa sépulture est déplacée au Père Lachaise.

En 2013, trois boîtes de négatifs du photographe sont retrouvées. Plus de 60 ans après sa disparition, Francisco Boix nous livre de nouveaux des sublimes photographies d’une époque difficile.